Il y a un peu plus de 5 ans, Gromovar disait tout le bien qu'il pensait des Soldats de la mer dans sa version numérique :

"Les soldats de la mer, d’Ada et Yves Rémy, est un recueil rassemblant un ensemble de chroniques (récits sous forme de nouvelles) liées par des rappels « historiques ». Il raconte quelques moments marquants de l’histoire de la Fédération, une entité étatique fédérale expansionniste dont le lecteur suit la progression, tant institutionnelle que territoriale. Publié en 1968, ce recueil a été régulièrement réédité depuis. Il est disponible aujourd’hui en numérique chez Dystopia, et le sera très bientôt en version papier.

Dans un monde qui n’est pas le nôtre mais qui ressemble grandement à celui du Premier Empire, la succession des Fédérations (il y en aura 5, de plus en plus étendues, auxquelles s’agrègent, pas toujours volontairement, protectorats et colonies) est décrite par l’entremise des hauts faits d’armes, des conquêtes, des rébellions, du destin de soldats mémorables et d’autres qui le sont moins (ou pas pour les bonnes raisons).

Hussards, dragons, grenadiers, entre autres, shakos, chevaux, sabres, c’est à toute la panoplie militaire du début du XIXe siècle que font appel les auteurs. On y croise aussi des nobles, des paysans, des aubergistes, des diplomates. Ce contexte éminemment martial, parfois héroïque, et délicieusement suranné possède un charme indéniable tant il diffère, en attrait, du nôtre.

La langue des auteurs soutient à merveille leur récit. D’un classicisme de bon aloi, le vocabulaire du recueil est riche, élégant, typé. Quelques lignes suffisent aux Rémy pour projeter le lecteur dans ce XIXème rêvé grâce à la magie d’un mot ou d’une image que personne n’utiliserait aujourd’hui.

Mais la Fédération n’est pas qu’un univers alternatif ou uchronique. C’est dans un monde fantastique qu’elle existe. Les deux lunes dans le ciel ne sont qu’un détail. Dans les récits du recueil, on croise des vampires, des fantômes (dont certains, tragiques, ignorent leur condition), des statues qui marchent, des forêts de perdition, des lacs portail, des objets de bois qui combattent, etc. Background + surnaturel auraient pu donner une resucée de roman gothique. Ce n’est, de fait, pas le cas car l’écriture, toujours fluide, est minimale, légère, évanescente. Un mot, une expression décrivent une situation et une ambiance, là où les auteurs gothiques accumulaient les éléments descriptifs. Cette économie de moyens fait de ces récits des textes faciles à lire, qui semblent couler de source, presque comme des contes. Nommons-le, s’il le faut, gothique elliptique. C’est en tout cas très gracieux."

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Joyeux anniversaire aux Rémy !